1)Le président Hosni Moubarak dans l'attente d'une victoire annoncée
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Le président Hosni Moubarak devrait être proclamé vainqueur de la première présidentielle pluraliste de l'Egypte, mais ses rivaux et des ONG estiment ce scrutin historique entaché d'irrégularités.
C'est une "victoire écrasante" que Gamal Moubarak, le fils cadet du président, a prédit jeudi à son père, en l'absence de résultats officiels, ou d'un taux de participation, au lendemain du vote.
L'annonce des résultats ne devait pas intervenir jeudi, le dépouillement n'étant pas encore totalement achevé, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Commission électorale, Oussama Attawiyah.
Cependant, des "sources anonymes proches" de la commission commençaient jeudi soir à faire circuler une fourchette minimum de "70 à 75en faveur de M. Moubarak, sur la base de plus de la moitié des suffrages dépouillés.
Ayman Nour, chef du parti libéral al-Ghad et rival le plus pugnace de M. Moubarak, a annoncé avoir porté plainte pour exiger un nouveau scrutin à la suite de rapports sur des cas de fraude en faveur du chef de l'Etat.
La commission électorale a indiqué plus tard que sa plainte avait été rejetée. "La commission a étudié toutes les infractions relevées par le candidat dans sa réclamation mais aucune n'est fondée", a affirmé M. Attawiyah.
S'agissant de la participation, une indication importante du scrutin, un taux voisin de 18 été avancé par le centre Ibn Khaldoun du réputé militant égypto-américain pour les droits de l'Homme, Saad Eddine Ibrahim.
La presse gouvernementale louait déjà jeudi le "triomphe" du président, tandis que la presse indépendante pointait "les infractions" du scrutin.
Pour Hala Moustafa, directrice de la revue al-Dimoucratiya, "le débat politique a été enfin activé, et ce processus comptera plus qu'un résultat acquis d'avance".
En effet, M. Moubarak est assuré à 77 ans d'un cinquième mandat de six ans.
Quelque 32 millions d'électeurs inscrits étaient invités à participer à ce premier scrutin multipartite alors que, jusque-là, M. Moubarak, candidat unique présenté par le Parlement, était élu par plébiscite depuis un quart de siècle.
Sous la pression des Etats-Unis, il avait annoncé au printemps que le temps d'un scrutin multipartite et au suffrage universel était venu en Egypte.
Seuls des chefs de partis ont pu entrer en lice, M. Moubarak n'ayant eu à faire face qu'à deux rivaux jugés sérieux, Ayman Nour et Noumane Gomaa, chef du néo-Wafd.
Des centaines d'observateurs indépendants, envoyés par des ONG locales dans les bureaux de vote mercredi, ont répertorié de nombreux cas de fraudes et d'irrégularités, dont certains se sont répétés dans plusieurs provinces.
Rameutant des "électeurs" en bus, se livrant à des pressions et de la propagande ouverte, et s'insinuant dans les bureaux de vote: les militants du Parti national démocrate (PND, de M. Moubarak) ont été, selon eux, omniprésents.
Chef du groupe parlementaire du néo-Wafd, Mounir Abdel Nour, a affirmé à l'AFP avoir été personnellement témoin "d'énormément d'irrégularités" dans des bureaux de vote du Caire.
Hugh Roberts, chercheur de l'International Crisis Group (ICG), a pointé la mauvaise organisation du scrutin. Mais, "nous n'avons pas l'impression d'une fraude massive", a-t-il dit, considérant que certaines accusations de l'opposition devaient être prises avec distance.
Le ministre de l'Information, Anas al-Fiki, a qualifié le scrutin d'"expérience sans précédent dans l'histoire de la démocratie en Egypte".
Pour ajouter à la confusion dans l'organisation du scrutin, la commission électorale avait révisé sa position deux heures après le début du scrutin, en acceptant, au cas par cas, la présence d'observateurs d'ONG locales.
2)Congo Brazzaville:«Disparus du Beach» : personne n’est coupable.
Le verdict de la Cour criminelle de Brazzaville, statuant sur l’affaire des «disparus du beach» est tombé le 17 août en fin d’après-midi. Les quinze accusés ont tous été acquittés, mais la Justice condamne l’Etat congolais à verser des indemnités aux ayant-droits des victimes.
Le procureur Robert Armand Bemba, qui avait requis des peines de prison, allant de cinq à dix ans de travaux forcés contre certains hauts cadres de l’armée et de la police congolaises, présumés impliqués dans la disparition de quatre-vingt-six congolais (plus de 300 selon certaines organisations de défense des doits de l’Homme) s’est dit satisfait de l’acquittement général prononcé par la Cour criminelle de Brazzaville. Pour lui «c’est une décision d’apaisement». La réaction de ce magistrat résume bien le contexte singulier de ce procès dans lequel on s’est arrangé pour ne fâcher personne, surtout pas les dignitaires, quitte à mécontenter quelques citoyens. La curiosité de ce verdict réside également dans la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat congolais, condamné à verser 10 millions de francs CFA (15 000 euros) aux proches des 86 disparus, sans que ne puissent être établies les circonstances de leur disparition. Condamner l’Etat, c’est-à-dire personne, est la pirouette trouvée par les magistrats pour reconnaître des responsabilités mais sans compromettre les barons du pouvoir. «C’est une machination. C’est dommage. Nous sommes déçus», a déclaré à l’AFP Vincent Niamenkessi, le vice-président du Comité des familles de réfugiés disparus en 1999 au port fluvial de Brazzaville.«Simulacre de justice»
Ce procès n’a établi aucun fait au grand désespoir des familles qui ne savent toujours pas ce qui s’est réellement passé au «Beach», pour enfin faire le deuil de leurs parents. Les familles ont décidé de se pourvoir devant la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays. «Tout ce qui vient de se passer a été décidé en dehors de l’enceinte du tribunal, bien avant, par les plus hautes autorités (…). Il est assez rare de voir les bourreaux se condamner eux-mêmes», a déclaré l’avocat Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).
Par ailleurs l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) et la FIDH ont dénoncé un «simulacre de justice» et espèrent aussi qu’une procédure sera ouverte à Paris en 2006. Me Baudouin a également fait remarquer que le groupe de travail des Nations unies sur les disparitions demande «des explications» à l’Etat congolais sur le sort des «personnes présumées disparues» au «Beach» de Brazzaville. Selon Me Baudouin l’affaire est loin d’être
terminée.
3)Le Rwanda "salue" la reddition au TPIR d'un proche de l'ex-président Habyarimana
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Le gouvernement rwandais a "salué" la reddition mardi au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) de Michel Bagaragaza, un proche de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, a rapporté jeudi l'agence indépendante Hirondelle.
M. Bagaragaza, 60 ans, s'est rendu mardi au TPIR dans le cadre d'un "arrangement à l'amiable", dont le bureau du procureur s'est refusé à dévoiler les termes.
"Le gouvernement et le peuple rwandais saluent la reddition" de M. Bagaragaza, "un suspect de haut rang", et "encouragent fortement les autres inculpés en fuite à se rendre", selon un communiqué du représentant du Rwanda auprès du TPIR, Aloys Mutabingwa.
Originaire de Gisenyi (nord du Rwanda), M. Bagaragaza était, pendant le génocide de 1994, directeur de la filière thé au Rwanda, une des principales sources de devises pour ce petit pays pauvre et enclavé.
Il était par ailleurs membre du comité local du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND, parti présidentiel à l'époque) pour la préfecture de Gisenyi.
Aussitôt après sa reddition mardi, il a plaidé non coupable pour les trois chefs d'accusation portés contre lui: entente en vue de commettre le génocide, génocide et complicité dans le génocide.
Pendant le génocide au Rwanda, il aurait "encouragé et aidé" les tueurs en mettant à leur disposition du carburant et des véhicules habituellement utilisés par des usines à thé, surtout dans la préfecture de Gisenyi, selon l'acte d'accusation.
Après la prise du pouvoir par l'ancienne rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) actuellement aux commandes à Kigali, M. Bagaragaza s'était réfugié au Kenya.
Quelques autres accusés s'étaient déjà rendus au TPIR, mais il s'agit de la première reddition d'une personnalité aussi proche de l'ex-président.
Chargé de rechercher et juger les principaux responsables du génocide de 1994, le TPIR, qui siège à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, a prononcé à ce jour 22 condamnations et trois acquittements.
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